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107.3 Le Mans

S07V23 25 AVRIL 1974

L’évènement est rare : c’est grâce à son armée et en partie depuis ses colonies qu’un pays est entré en démocratie républicaine.

Depuis le coup d’état de 1926, le Portugal vit en coupe réglée. À la mort du Maréchal Gomes da Corta, un professeur d’économie de l’Université de Coimbra va enfoncer son pays dans une dictature implacable.

Pendant 40 ans, de 1928 à 1968, derrière des façades respectables pour un regard étranger, Salazar va organiser son pays : interdire toute contestation, toute organisation syndicale ou associative, toute liberté de pensée et d’expression. Par la peur de la PIDE, la police qui pratique la torture, il tient les plus modérés et les plus rebelles ou dangereux (pour le régime) sont emprisonnés. Parmi eux, Mario Soarès, alors militant communiste, futur premier ministre socialiste et président de la République.

Surtout, il maintient dans les années 1960 des guerres coloniales en Angola, au Mozambique et en Guinée portugaise (l’actuelle Guinée Bissau), conflits devenus anachroniques depuis l’indépendance de tous les pays d’Afrique. Il a beau être économiste de formation, il engage près de la moitié du budget de son pays dans des guerres d’orgueil.

Alors, les jeunes hommes fuient en nombre à l’étranger, les quatre longues années de service militaire qui les envoie, nombreux, dans un conflit où les ‘rebelles’ semblent armés par l’URSS et la Chine.

Mais le réel déclencheur de la révolution vient du premier cercle. Le général Spinola, gouverneur de Guinée, attentif aux populations autochtones refuse un poste supérieur à Lisbonne. Lui qui était un fidèle du régime, se rapproche du placard. De surcroît, en février 1974 sort son livre Le Portugal et son avenir où il promeut clairement l’indépendance des colonies, ne serait-ce que pour l’économie de la nation. Le livre est saisi, interdit, trop tard, le mal est fait.

Pendant ce temps, capitaines, jeunes officiers et étudiants se réunissent de plus en plus souvent, partout dans le pays. Le 24 avril, ils prennent la radio, qui diffuse Grândola Vila Morena : tout le monde comprend que ce n’est plus qu’une affaire de jours, sinon d’heures. Le 25 au soir, le pays est à deux pas de la démocratie.

Au générique : un avocat et une poétesse et des étudiants tous passionnants, Spinola en français, un peu d’Eurovision, Amalia Rodrigues, Linda de Suza, Zeca Afonso, Paulo de Carvalho…

Photo : Henrique Matos, à Porto.

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